lundi 26 mai 2014

Seize jours



Le 11 mai, je suis parti avec beaucoup de questions.
Aujourd'hui, le dernier jour ici, je pars avec des doutes.

Ce n'est pas l'intérêt de la situation qui me questionne. Mais quoi en faire ?

J'ai 10 rouleaux de pellicules pleins. Dans quelques jours apparaîtront les images. Les vraies.

Non pas que celles faites avec mon téléphone, celles que j'ai mises sur le blog pendant seize jours.
Non celles qui sont le "et plus". En référence au nom de ce blog.

Et si j'étais venu ici pour rien ?

Pas vraiment pour rien. C'est sûr.

Mais comment en sortir quelque chose au dessus de ce : "pas vraiment pour rien" ?

Il va me falloir un certain temps pour digérer ce que j'ai vu. Ce que j'ai essayé
de partager dans ce blog.

Ce soir je fais mes bagages.

Demain matin à 10h, je donne une dernière leçon de Français à mes deux jeunes filles.

A 11h, je dis au revoir à Murad, Amira, Abed, Salim, Nariman, Manar ...

A midi je prends le bus en direction de Jerusalem, puis un autre pour l'aéroport Ben Gourion. C'est à Tel Aviv. Cet homme est le premier Premier Ministre d'Israël, en 1948.

Le soir je serai à Nice.

En France là où on a mis l'extrême droite en tête.

Dans ce pays où on ne se pose pas assez de questions.

dimanche 25 mai 2014

Quinze jours


Objectif du jour : voir le Pape.

Quand j'ai organisé mon voyage, je ne savais pas qu'il viendrait à Bethléem.

C'est Cécile, ma petite cousine, qui me l'a dit, juste avant que je parte.

Vu de loin, je m'en moquais un peu.

Mais voir Bethléem en effervescence j'ai aimé ça. Les Palestiniens étaient heureux aujourd'hui.



Les soldats Palestiniens sont parfois attendrissants


Ca reste des soldats.

Qui font leur métier.


Protéger le Pape.

La messe commence, sur la Place de la Mangeoire. Entre la Basilique de la Nativité et la Mosquée


C'est l'heure de l'écoute et du recueillement.



De la bronzette pour d'autres.


A la fin de la messe, le Muezzin chante depuis la mosquée. Il y a une union entre les chants Chrétiens et le chant Musulman.

Pendant ce temps en Europe l'extrême droite est en passe de sortir vainqueur. Hier en Belgique il y a eu des meurtres antisémites.

Je ne suis pas très fier d'être Français.

Mais tout ça c'est pas grave, J'ai atteins mon objectif, j'ai vu le Pape, dans sa Papa mobile, à la messe et dans sa limousine.

Puis rentré chez moi, j'ai entendu l'hélicoptère le ramener à Jérusalem.

Demain, tout sera comme avant.

Les Palestiniens enfermés dans leur prison à ciel ouvert.
Derrière le mur.
Les Européens enfermés dans leurs peurs.
Les Européens vont dans le mur.

samedi 24 mai 2014

Quatorze jours


Il est 10h, je rejoins mes élèves pour le cours de français.

En passant je vois ces jambes nues en plastique dans la rue. Même au milieu de détritus c'est assez décalé. Je n'ai vu aucune jupe ou robe au dessus des chevilles depuis que je suis ici. Ambiance vestimentaire "monastique" ...

Les jeunes femmes détournent le code en abusant des pantalons "slim". Passé 25 ans c'est fini. C'est un usage réservé aux jeunes.

Justement j'arrive à Alrowwad et je trouve mes deux élèves. Deux jeunes filles d'environ 16 ans. Voilées et en robe jusqu'aux pieds.

Elles sont comme toutes les ados du monde en moins "fashion".

Elles profitent pleinement du cours. Elle travaillent très bien. C'est une tendance ici, quand on fait des études on en profite. Elles ne sont pas blasées.

Ensuite je retrouve Nariman, elle veut me montrer ses photos. Je prends le temps avec elle, je sais que c'est important pour elle. Nariman aime la photo. Elle choisit avec moi trois images représentatives de la Nakba.




Je la quitte pour aller à Jerusalem. Je tombe sur ces trois enfants avec le T-shirt de la Nakba.

Il y a des militaires Palestiniens de partout, équipés de Kalachnikovs. Des AK47 raccourcis pour les assauts urbains. Un tous les vingts mètres.

Demain le Pape est là.

Par précaution je demande à l'un d'entre eux si le checkpoint est ouvert. Négatif.

Je ne peux pas aller à Jerusalem. Toute la Cisjordanie est fermée pour deux jours.

Heureusement que je n'ai pas mon avion de retour demain ...


Des soldats Palestiniens.

Des mots d'accueil sur le mur, écrits quelques heures plus tôt.

Mais ce n'étais pas du goût des Israéliens, ils n'aiment pas que l'on touche à leur mur.
Voilà ce qui est arrivé au gars qui à écrit ça :

 
J'ai pris ces deux images sur Facebook, je ne connais pas l'auteur mais je connais parfaitement l'endroit, il fuis en face du mur, au niveau du graffiti, ce n'est pas un fake.

Ca se passe à Bethléem, je rappelle que ce secteur est sous l'autorité Palestinienne. A priori les soldats Israéliens n'ont rien à faire ici.

Ca donne juste une petite idée de la tension qu'il y a au sujet de la visite du Pape. Sa venue ici, n'est pas du tout du goût des Israéliens.


J'ai pris cette photo sur la mosquée située sur la place de la Nativité. Elle est en face de la basilique de la Nativité. Pile au milieu, entre les deux édifices religieux se trouve le podium pour le Pape.

Je pense que les soldats n'oseront pas décrocher cette banderole ....



















































La chaise du Pape

Demain, je vais essayer d'approcher du site. 

C'est à priori impossible, mais avec les Palestiniens, qui sait ?

Treize jours


Aujourd'hui je devais donner un cours de Français à des enfants. C'était ça que je devais faire.
Je ne l'ai pas fait.

L'autre jour j'ai fait du tourisme, je n'aime pas ça.

Aujourd'hui j'ai fait du tourisme. C'était pas prévu.

Amira me contacte vers 11h (mon cours était prévu à 14h), pour me proposer d'aller au Monastère de Mar Saba dans le désert de Judée. Un des plus anciens monastères Chrétien.

Elle organise le report de mon cours à demain matin. Elle me met en relation avec Yamen, c'est un ami à elle qui organise des visites touristiques.

Je me retrouve sur la place de la Nativité au milieu d'un groupe de touristes de toutes nationalités.

Il est midi.

Des musulmans sont en train de prier sur la Place. Le Pape arrive ici dimanche. Ils bénissent son arrivée.



Sa venue est organisée, toute la Place de la Nativité est prête. Matériellement et spirituellement.

Les Arabes savent recevoir.

Je me retrouve au milieu de touristes chics, je ne suis pas très à l'aise. Je décide de me laisser faire.
Je ne sais pas d'où ils viennent. Je rencontre une Canadienne (Anglophone) très sympa qui parle Français.

On est dans un bus climatisé avec des sièges en cuir. Yamen organise une "pause" café. Je commence à connaître les "pauses" Arabes. Les cafés passent par la fenêtre et le bus démarre. Il faut boire le café en roulant ... Il y a un dos d'âne tous les cinquante mètres. J'avais prévu le coup d'avance, mon café était bu avant le démarrage du bus. J'ai pu me marrer en regardant la tête des touristes qui renversaient leurs café.

On passe devant un dessin de Banksy, Yamen explique que l'on peut le photographier par la fenêtre du bus, pas d'arrêt prévu.




On croise un jeune Bédouin sur un âne avec des moutons, des chèvres, un Iphone, des écouteurs rouges et des Rayban sur la tête.

Une des touristes veut absolument le photographier par la fenêtre, le bus recule, elle s'exécute, le Bédouin à l'Iphone se marre.

On arrive enfin.



Les touristes se prennent en photo devant le Monastère.

Moi je fais des photos panoramiques :


Je prend en photo le groupe avec le téléphone de Yamen.


Vingt minutes plus tard, on repart.


A un moment le bus s'arrête, tout le monde descend. Yamen me dit de rester dans le bus. On est devant un checkpoint. Les touristes venaient de Jerusalem. Yamen n'a pas le droit d'y aller. Un copain Palestinien de Jerusalem prend le relais. Ils échangent quelques billets de banque et les touristes chics retournent en Israël.



Je demande combien je dois pour la visite. Yamen refuse, je suis son invité. Je suis un ami d'Amira.

Le bus nous dépose devant chez lui, il me présente son fils.

Il doit aller à Aïda Camp pour une autre visite. Il propose de me ramener dans sa voiture neuve.
Il aime son travail, il gagne bien sa vie.

Ca y est, je me retrouve dans mon élément. Yamen est un mec vraiment sympa. On s'arrête à Bethléem pour manger une glace Italienne. La glace est très bonne.

C'est le cousin du propriétaire de la Banksy's shop.

C'est d'ailleurs là qu'il me dépose.

Il file.

Je reste ici un moment, je fais quelques photos.


En entrant dans le camp je retrouve Yamen avec un groupe (de gauche ?) assez "bobo", ils viennent visiter la misère.


On se fait une tape sur le dos, je le laisse travailler.




Je rentre.

Je me pose.

Je n'ai plus de filtres pour mes cigarettes.

Quand je sors de chez moi pour en acheter, je vois des hommes faire des prières à l'étage en dessous. Là où avait eu lieu le mariage bruyant, quelques jours auparavant.

Je demande l'autorisation de les prendre en photo. Ils acceptent et m'invitent à manger. Nous sommes en rond. Il font des prières pour bénir le mariage. Donner toutes les chances spirituelles à la réussite de la nouvelle union. Je suis le bienvenu au milieu de tout ça. Je suis assez gêné, mais je prends des photos en noir et blanc.

Trois quart d'heure plus tard je file enfin acheter mes filtres.

Je reviens. Je me mets sur le blog. Il est 20 h.

On tape à la porte, le voisin du dessus m'apporte un bol de riz et un éclair au chocolat. Je le remercie.

Je me remets au travail.

Ca tape à nouveau à la porte. C'est le voisin qui me propose de boire un café chez lui. J'accepte.

Il y a deux personnes en photos sur le mur, je lui demande qui c'est. Ce sont les deux frères de sa femme. L'un est mort sur un chantier, le toit lui est tombé dessus, l'autre a été tué par les soldats Israéliens.

Il me propose une cigarette. On parle, je lui montre mon blog. Puis des vidéos de mes performances de photo en temps réel.

On a pas la même vie.

A 23 h je me retrouve enfin devant mon PC.

Je me demande ce que je vais pouvoir raconter aujourd'hui.

jeudi 22 mai 2014

Douze jours


Une journée de rien,



Sans photos,



Avec des doutes,


Pourquoi je suis là, est-ce que je vais revenir ?


J'ai envie de serrer mon amoureuse dans les bras,


J'ai envie d'aller à Ramallah,


J'ai envie de voir mes enfants,


D'être au dessus du niveau de l'amer,


De garder mes souvenirs,


Ne pas pleurer.