mardi 20 mai 2014

Dix Jours



J'ai retrouvé Manar et Nariman. Deux copines. Elles ont 19 ans, elles sont inscrites à l'Université à Bethléem.

Ca fait trois ans qu'on se connait. A l'époque j'ai fait un atelier photo avec elles et 3 autres jeunes, je ne les ai pas revus.
On allait faire des portraits de eux devant leurs maisons. Mais aussi devant les fresques qui représentent les villages disparus d'où viennent leurs familles. C'était organisé en collaboration avec "Images for life". C'est la partie photo d'Alrowwad créée un an plus tôt par une photographe Française : Anne Paq.

Nariman est toujours aussi énergique, elle part dans tous les sens. Mais elle s'est assagie, elle est maintenant plus sérieuse et son énergie s'est transformée en une belle lumière. Elle sourit à tout le monde et elle très sûre d'elle. Elle fait des études. Elle ne porte pas le voile on sent qu"elle veut exister et être autonome.

Manar est toujours aussi calme et discrète, très timide, elle rougit facilement. Elle aussi fait des études et ne porte pas le voile. Elle est très douce, toujours attentionnée et attentive à ce qu'il se passe autour d'elle. Il faut la découvrir, elle ne se livre pas facilement. Mais on sent une belle force intérieure.

On devait partir à Ramallah faire des photos ensemble.

Mais on a pas pu. Nariman n'avait pas demandé l'autorisation à son père. On a annulé.

En marchant je demande à Nariman l'âge de la majorité en Palestine.

Il n'y en a pas. Une femme reste sous l'autorité de son père jusqu'à son mariage. Là elle passe sous l'autorité de son mari.

Putain ! Pourvu que ces deux jeunes femmes rencontrent des hommes bien. Je me dit que peut-être dans deux ans elles seront complètement différentes. Gâchées ...

Ici tout est fait pour, l'occupation Israélienne coupe bien des espoirs et certains hommes finissent le travail.

Pour l'instant je regarde les lumières fragiles qui marchent à mes côtés.

On rigole, je traite Nariman de nakba (catastrophe en Arabe), on rigole. Puis je fais remarquer à Manar que vu son retard à notre rendez-vous elle s'est comportée comme une vraie femme, qui sait se faire désirer. Elle devient rouge pivoine (je croyait cela réservé aux peaux blanches, mais ça marche très bien aussi avec les peaux mattes). J'avais poussé le bouchon un peu loin pour une timide chronique.

On se retrouve naturellement sur la place de la Nativité.

Je ne sais pas comment elles se débrouillent, sûrement grâce à leurs jolies lumières, mais elles réussissent à nous faire entrer dans le Saint du Saint.
On entre dans la grotte de la nativité par la sortie, pourtant gardée par un gars qui n'a pas l'air très commode. On évite la queue de trois cents personnes.



Nariman me dit qu'elle y entre pour la première fois. Elle me fait part de son émotion et de sa joie.

Elles ressortent heureuses. Aucune des deux n'y était jamais venue. Pourtant elles sont nées à Bethléem.

On rentre. Chacun chez soi.

Amira m'annonce que demain je dispose d'une voiture avec un chauffeur. Nous irons à Ramallah, Nabi Mosa (c'est une magnifique mosquée au milieu du désert ou serait enterré Moïse (inutile de dire que c'est encore un truc super polémique)), Jéricho, puis la Mer Morte.

Nariman a l'autorisation de son père. J'ai idée que la présence d'Amira n'y est pas pour rien.

1 commentaire:

  1. joli jour que ce dixième, j'avais envie de marcher à vos côtés, éclairer par tes deux amies,
    le désert de Nabi Mosa.. j'aimerai le voir
    merci de partager ce voyage avec nous
    bises

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